Sécheresse oculaire : Causes et traitement de l’œil sec

La sécheresse oculaire est une affection courante caractérisée par une insuffisance ou une mauvaise qualité des larmes, essentielles à la lubrification et à la protection de la surface de l’œil. Les patients peuvent ressentir des symptômes tels que des brûlures, des démangeaisons, une sensation de corps étranger et une vision floue. Les causes incluent le vieillissement, des facteurs environnementaux, l’utilisation prolongée d’écrans, certaines maladies auto-immunes et la prise de certains médicaments. Le diagnostic repose sur des tests spécifiques évaluant la production et la stabilité du film lacrymal. Le traitement varie en fonction de la gravité et des causes sous-jacentes, allant de l’utilisation de larmes artificielles à des interventions médicales plus avancées.

La sécheresse oculaire en bref

Définition : Insuffisance ou mauvaise qualité des larmes, affectant la surface oculaire.
Symptômes : Brûlures, démangeaisons, sensation de corps étranger, vision floue.
Causes : Vieillissement, facteurs environnementaux, maladies auto-immunes, médicaments.
Diagnostic : Tests de production et de stabilité du film lacrymal.
Prévention : Hygiène oculaire, pauses régulières lors de l’utilisation d’écrans, environnement adapté.
Traitement : Larmes artificielles, soins des paupières, traitements médicaux spécifiques.
Complications : Kératite, ulcères cornéens, infections oculaires.

Définition de l’œil sec

La sécheresse oculaire, également appelée syndrome de l’œil sec, est une affection multifactorielle de la surface oculaire caractérisée par une insuffisance de production ou une évaporation excessive des larmes.
Cette situation entraîne une inflammation et des lésions de la surface de l’œil, provoquant divers symptômes d’inconfort et de troubles visuels. Elle est l’un des motifs les plus fréquents de consultation en ophtalmologie. 

Le mot de l’expert sur la sécheresse oculaire
« Une prise en charge appropriée de la sécheresse oculaire permet d’améliorer significativement la qualité de vie des patients et parfois d’éviter des complications potentiellement graves. »
Dr Hugo Bourdon

Symptômes : L’œil gène

Les manifestations cliniques de la sécheresse oculaire varient en fonction de la gravité et de la cause sous-jacente. Les symptômes les plus courants incluent :

Sensation de brûlure ou de picotement : Les patients décrivent souvent une sensation de brûlure ou de picotement dans les yeux. 

Démangeaisons : Une envie fréquente de se frotter les yeux en raison de démangeaisons persistantes.

Sensation de corps étranger : Impression d’avoir du sable ou une particule dans l’œil.

Rougeur oculaire : Les yeux peuvent apparaître rouges ou injectés de sang.

Vision floue : Une vision intermittente ou constante peut être signalée, surtout après des périodes prolongées de lecture ou de travail sur écran.

Fatigue oculaire : Une sensation de fatigue ou de lourdeur des yeux, particulièrement en fin de journée.

Larmoiement excessif : Paradoxalement, certains patients peuvent éprouver un larmoiement excessif en réaction à l’irritation causée par la sécheresse.

Ces symptômes peuvent s’aggraver dans des environnements secs, climatisés ou venteux, ainsi que lors d’activités nécessitant une attention visuelle soutenue, comme la lecture ou l’utilisation d’ordinateurs.

Causes & Facteurs de risques : Notre environnement

La sécheresse oculaire résulte de diverses causes et facteurs de risque, souvent interconnectés :

Âge avancé : Avec le vieillissement, la production lacrymale diminue naturellement, augmentant le risque de sécheresse oculaire.

Changements hormonaux : Les fluctuations hormonales, notamment pendant la ménopause, peuvent affecter la production de larmes.

Utilisation prolongée d’écrans : Le temps passé devant des écrans réduit la fréquence de clignement des yeux, favorisant l’évaporation des larmes.

Port de lentilles de contact : L’utilisation prolongée ou inappropriée de lentilles peut perturber le film lacrymal.

Facteurs environnementaux : Exposition à la pollution, au vent, à la fumée ou à des environnements climatisés ou chauffés peut assécher la surface oculaire.

Médicaments : Certains médicaments, tels que les antihistaminiques, les antidépresseurs ou les diurétiques, peuvent réduire la production de larmes.

Maladies auto-immunes : Des affections comme le syndrome de Gougerot-Sjögren, la polyarthrite rhumatoïde ou le lupus érythémateux disséminé peuvent entraîner une sécheresse oculaire.

Dysfonctionnement des glandes de Meibomius : Ces glandes, situées dans les paupières, produisent la couche lipidique du film lacrymal. Leur dysfonctionnement peut entraîner une évaporation excessive des larmes.

Chirurgies oculaires antérieures : Certaines interventions, comme la chirurgie réfractive laser (essentiellement Lasik ou Smile) entrainent une séchesse parfois invalidante

Diagnostic

Le diagnostic de la sécheresse oculaire repose sur une combinaison d’examens cliniques et de tests paracliniques visant à évaluer la quantité et la qualité des larmes.

Examen clinique

L’ophtalmologiste commence par interroger le patient sur ses symptômes, leur fréquence et les facteurs déclenchants. Il procède ensuite à un examen minutieux à la lampe à fente, qui permet d’observer la surface oculaire, les paupières et la présence éventuelle de signes inflammatoires.

Tests diagnostiques

Break-Up Time (BUT) ou temps de rupture du film lacrymal :

• Évalue la stabilité du film lacrymal en mesurant le temps écoulé entre un clignement et la rupture du film lacrymal.

• Un BUT inférieur à 10 secondes est évocateur d’une instabilité lacrymale.

Coloration à la fluorescéine et au rose Bengale :

• Met en évidence les lésions de la surface oculaire causées par la sécheresse.

• Ces colorants permettent d’identifier les zones où les cellules épithéliales sont endommagées.

Examen des glandes de Meibomius :

• Permet d’évaluer la présence d’un dysfonctionnement de ces glandes, souvent associé à une sécheresse par évaporation.

Test de Schirmer

• Mesure la quantité de larmes produites en 5 minutes à l’aide d’une bandelette de papier filtre placée sous la paupière inférieure.

• Un résultat inférieur à 5 mm indique une sécheresse oculaire sévère.

Évaluation de l’osmolarité lacrymale :

• Un film lacrymal hyperosmolaire (augmentation de la concentration en sels) est un marqueur caractéristique de la sécheresse oculaire.

Diagnostics différentiels

Certaines pathologies peuvent mimer une sécheresse oculaire et doivent être écartées :

Allergies oculaires : Provoquent des rougeurs et des démangeaisons, mais avec une sécrétion lacrymale souvent excessive.

Blépharite : Inflammation des paupières, souvent associée à un dysfonctionnement des glandes de Meibomius.

Kératite infectieuse : Peut entraîner une sensation de brûlure et des douleurs similaires à celles de la sécheresse oculaire.

Neuropathie cornéenne : Peut provoquer des symptômes similaires mais sans atteinte du film lacrymal.

Conduite à tenir

La prise en charge dépend de la gravité des symptômes et de la cause sous-jacente. En général :

Formes légères : Lubrification oculaire avec des larmes artificielles.

Formes modérées : Mesures complémentaires comme l’hygiène des paupières et l’adaptation du mode de vie.

Formes sévères : Traitements médicaux spécifiques voire intervention chirurgicale en cas de complications.

Prévention : Contrôler l’environnement

Certaines mesures permettent de limiter les risques de sécheresse oculaire :

Limiter le temps d’écran : Augmenter la fréquence des clignements en prenant des pauses régulières (règle du 20-20-20 : toutes les 20 minutes, regarder à 20 pieds [6 mètres] pendant 20 secondes).

Éviter les environnements secs et climatisés : Utiliser un humidificateur d’air si nécessaire.

Hygiène des paupières : Nettoyage régulier avec des compresses adaptées pour prévenir l’obstruction des glandes de Meibomius.

Port de lunettes de protection : Limiter l’exposition au vent et à la pollution.

Éviter le tabac : La fumée de cigarette aggrave l’évaporation du film lacrymal.

Alimentation riche en oméga-3 : Favorise une meilleure qualité du film lacrymal.

Traitement de l’œil sec

Le traitement de la sécheresse oculaire repose sur plusieurs approches selon la sévérité.

Lubrification oculaire

L’usage de larmes artificielles est le traitement de première intention. Elles sont disponibles sous différentes formes :

Gouttes classiques : Apportent un soulagement temporaire.

Gels ou pommades : Recommandés en cas de sécheresse nocturne.

Larmes artificielles sans conservateurs : Mieux tolérées pour un usage fréquent.

Hygiène et soins des paupières

Un dysfonctionnement des glandes de Meibomius peut être amélioré par :

• L’application de compresses chaudes sur les paupières.

• Le massage des paupières pour favoriser la sécrétion de lipides.

• L’utilisation de lingettes ophtalmiques spécifiques.

Médicaments spécifiques

Ciclosporine collyre (Restasis®, Ikervis®) : Anti-inflammatoire qui stimule la production de larmes.

Corticoïdes locaux (courte durée) : Réduisent l’inflammation en cas de sécheresse sévère.

Sérum autologue : Préparé à partir du propre plasma du patient, utilisé dans les formes sévères.

Bouchons méatiques

• Dispositifs insérés dans les canaux lacrymaux pour empêcher l’évacuation trop rapide des larmes et maintenir une meilleure hydratation de l’œil.

Thérapie par lumière pulsée (IPL)

• Stimule les glandes de Meibomius et améliore la stabilité du film lacrymal.

Traitements chirurgicaux

• En dernier recours, occlusion définitive des points lacrymaux pour limiter l’évacuation des larmes.

Évolution et pronostic

Formes légères : Amélioration avec un traitement adapté.

Formes sévères : Risque de complications nécessitant une prise en charge spécialisée.

Surveillance régulière : Essentielle en cas de maladies auto-immunes associées.

Complications

Kératite : Inflammation de la cornée pouvant altérer la vision.

Ulcères cornéens : Lésions profondes de la cornée favorisant l’infection.

Cicatrices cornéennes : Réduction de la transparence cornéenne et baisse de l’acuité visuelle.

Questions fréquentes sur la sécheresse oculaire

1. Peut-on guérir définitivement de la sécheresse oculaire ?

Non, mais une prise en charge adaptée, au long cours, permet de contrôler les symptômes et prévenir les complications

2. Quels sont les meilleurs collyres ?

Les larmes artificielles sans conservateurs sont les plus recommandées. Il faut ensuite rester sur celle vous soulageant le mieux.

3. La sécheresse oculaire est-elle une maladie grave ?

Elle peut être bénigne mais nécessite une prise en charge pour éviter les complications.

4. Faut-il arrêter le port de lentilles de contact ?

En cas de sécheresse sévère, il est préférable d’opter pour des lentilles spéciales ou de privilégier les lunettes.

5. Les oméga-3 peuvent-ils aider ?

Oui, ils améliorent la qualité du film lacrymal et réduisent l’inflammation.

6. Comment différencier sécheresse oculaire et allergie ?

L’allergie s’accompagne souvent d’un larmoiement excessif et d’une sensation de démangeaison intense.

7. La sécheresse oculaire peut-elle s’aggraver avec l’âge ?

Oui, la production de larmes diminue naturellement avec le vieillissement.

Sources